Bienvenue

Bonjour et Bienvenue à toutes et à tous sur le blog du projet "Correspondance d'Autrefois". L'aventure commence avec 23 participantes, un magnifique panel de 27 personnages et 15 passionnantes correspondances à suivre...


Au moindre soucis, vous pouvez nous laisser un message ici, sur nos blogs: Eiluned (Le Dévore Tant...) et Alice (Jane Austen is my Wonderland) ou par mail.

A très bientôt pour suivre toutes ces belles lettres...

25 oct. 2011

Des présents pour Eugénia


Le 21 octobre 1835

Très chère Eugenia,

... des cadeaux qui j'espère vous plairons... Il y a de quoi boire, manger, lire, se faire belle, sentir bon, écrire... et ranger notre correspondance. Je pars en vacances et j'espère pouvoir en profiter pour répondre à votre longue et délicieuse missive.
Joyeux Anniversaire !

Avec toute mon amitié,
Aliénor
































Chère Aliénor,


Je vous remercie infiniment pour votre délicate attention. Elle m'a comblée !
J'apprécie tout... Les lectures, le bracelet en organza, la petite bougie aux senteurs de cire, les friandises de Lille au nom de Babelutte, le thé parfumé, poudré, dans son récipient à pois, les marques-page, le chocolat au lait aux noix de pécan, une jolie bourse dans laquelle je mettrai des pétales de fleurs, des gaufrettes à déguster avec mon thé, un crayon, et un très beau cahier pour m'épancher intimement...

Je vous réponds bientôt... et recevez chère amie des baisers très joyeux.
Eugénie


















23 oct. 2011

Swap Anniversaire de Constance à Fanny

Ma très chère Fanny,

J'ai bien reçu vos présents pour mon anniversaire, et je peux à mon tour vous souhaiter le vôtre. J'espère que vous serez aussi enchantée que je le fus. Votre envoi fus l'occasion d'explosions de joie et je crains ne pas avoir été très digne d'une lady!
Je vous souhaite le meilleur des anniversaires

Votre dévouée cousine, 
Constance.




Le paquet est arrivé il y a une semaine et j'ai bondi dans tous les sens lorsque je l'ai ouvert. J'ai vraiment été gâtée par Eiluned! Je vous en liste le contenu:


Trois romans: North and South en anglais. Depuis le temps que je me dis que je dois le lire, ce sera l'occasion; Agnes Grey d'Anne Brontë, aussi en anglais, que j'ai hâte de découvrir; La Dame en Blanc de Wilkie Collins. Je ne connaissais ni l'auteur, ni le roman. J'ai commencé la lecture hier et je trouve ça vraiment prenant, donc merci pour cette jolie découverte!



Trois gourmandises: un paquet de Dragibus et une tablette de chocolat à la violette, qui sont tous les deux déjà mangés (j'ai un peu honte de ma gourmandise quand même...), une boîte de thé vert , un régal pour moi qui adore le thé.



Trois goodies, dont deux cousus main: Une très jolie pochette et un marque page brodé d'une citation de Charlotte Brontë. Avec tout ça, j'ai aussi eu un carnet contenant des citations des soeurs Brontë!

Bref, je suis comblée! Merci encore Eiluned!!

21 oct. 2011

#4 Petit mot de Penelope H. à Charlotte P.


Brighton, Septembre 1882

       Ma chère Mrs Pitt, 

     Avant tout, pardonnez-moi de ce si long silence ! L’été fut long et riche en émotions – souvent mauvaises.  Benedict a eu un accident dans l’étable, et en est ressorti avec une jambe cassée et un bras légèrement brûlé. Je vous raconterai tout dans une lettre plus longue, car je n’ai pas beaucoup de temps pour vous écrire, je profite que mon frère se repose pour le faire. 

     En fait, je tenais vraiment  à vous écrire, même un petit mot furtif, pour vous remercier de votre paquet à l’occasion de mon anniversaire. Ce fut une très agréable surprise, je ne m’y attendais absolument pas ! Cela m’a fait énormément plaisir, vous avez parfaitement bien choisi ! 

     Ah, Benedict se lève ! Il va encore tenter de se servir son thé tout seul alors qu’il n’y arrive pas. Il n’aime vraiment pas être dans cet état, il se sent inutile et s’irrite de ne pouvoir assurer nos balades quotidiennes.  

    Je vous écris un plus long mot au plus vite. Une fois encore, pardonnez-moi de ce silence. 

Avec toute mon amitié,
Pénélope H.

Swap Anniversaire de Charlotte Pitt à Penelope Halpen

Le voila, enfin, sur le blog ! (La photo est dans mes dossiers depuis juillet....)



Dedans on trouve donc...
Du manger : Des Dragibus et des M&M's - l'ensemble aura duré 1 semaine...
De la lecture : Vanity Fair de William Thackeray - une belle édition qui sent bon l'ancien et datant de 1965 !
Du couinage : le DVD de Jane Eyre avec Toby Stephens et Ruth Wilson - autrement dit, la meilleure adaptation de Jane Eyre !
Des petits plus : un marque page sublime qui vient de Bretagne !

Sans oublier un élément qui n'est pas sur la photo mais qui compte aussi : un Sonic Screwdriver !
Quand le Doctor rend visite à Charlotte Pitt...

Accompagné d'un petit mot de "Charlotte" :
     "Londres, le 20 août
      Chère Pénélope, 

Un homme étrange qui dit être le Docteur, m'a remis cet étrange objet à votre intention. J'espère que vous n'êtes pas très proches car il n'a pas du tout le sens des convenances et a disparu brusquement. 
Je vous envoie donc cet objet en espérant que cela vous a autant fait plaisir que le petit colis que je vous ais envoyé pour votre anniversaire. 

Votre dévouée, 

Charlotte Pitt"

Hiiii hiiii hiiiiiiii (ce n'est pas très distingué comme réaction je sais mais bon...)


La question étant maintenant : vais-je ou non intégrer le Doctor à l'histoire... ?

#3 / Réponse de Charlotte Pitt à Penelope Halpen

Londres, le 3 juin 1882 

               Ma chère Miss Halpen, 

        Je tiens à vous remercier pour le portrait de votre aïeule Beth que vous m'avez envoyé. Vous auriez été très heureuse je pense en voyant l'émotion que ce portrait a provoqué chez ma mère. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait plus vu ce visage chéri ! Et je comprends d'autant mieux cet enthousiasme de ma mère (qui à dire vrai s'enthousiasme fort rarement) à la lecture de votre lettre. Il semble que votre aïeule ait charmée tout son entourage, et la vue de son portrait ne fait que confirmer cette hypothèse. 

      Par ailleurs, je vous prie de m'excuser du retard que j'ai pris à répondre à votre lettre. J'ai en effet été assez occupée ces derniers temps à résoudre quelques mystérieux crimes en compagnie de mon mari. Vous vous doutez bien évidemment que mon mari Thomas n'apprécie pas toujours que je mette le nez dans ses affaires, il aimerait tant me tenir à l'abri de tels tracas ! Mais à la longue, il est bien forcé de reconnaître que je peux glaner des informations que l'on ne dévoilerait pas à un policier.

       Je suis assistée dans mes recherches par ma soeur Emily, récemment devenue Lady Ashworth. Ce goût commun pour les crimes non résolus nous a quelque peu rapprochées, mais notre complicité est loin d'atteindre celle que vous partagez visiblement avec votre frère. Voila un homme qui a bien compris que former les jeunes filles à autre chose qu'à la musique, la couture et aux bonnes manières est une grande avancée. Mes parents sont comme les vôtres, ils m'interdisaient même de lire le journal. Mais petit à petit j'ai réussi à combler mes lacunes. Vous avez donc bien raison d'apprendre des disciplines tels que les sciences et l'escrime, et je suis sûre que toutes les jeunes filles du futur XXème siècle en feront autant que vous. 

     Je n'ai jamais lu "Les Hauts de Hurlevent" mais j'aimerais beaucoup le lire à l'occasion, surtout si vous avez baptisé votre charmante maison de ce nom. Quelle belle description vous m'avez faite de votre demeure ! A la lecture de votre lettre, je me vois presque me promener et me laisser bercer par le vent sur cette balançoire. J'ai posé la question à ma mère, et elle se rappelle avec beaucoup de nostalgie cette balançoire. Je comprends d'ailleurs mieux pourquoi elle aime de temps en temps se balancer sur celle qu'elle a fait installer dans notre jardin. Elle qui essaie de rester impassible d'ordinaire, comme l'exigent les bonnes manières pour une femme de sa condition, reprend à cette occasion le visage ouvert et joyeux d'une enfant ! Ma mère m'a également entretenue de la chambre qu'elle occupait lorsqu'elle se rendait dans votre maison. Elle est située dans le coin sud de la maison, au premier étage et avait une forme un peu triangulaire. Elle se rappelle de la très belle vue qu'elle avait sur la mer et combien elle aimait la contempler pendant des heures. Je lui ai donc bien évidemment parler de notre correspondance et bien qu'ayant trouvé au premier abord que mon initiative avait était un brin déplacée, elle a fini par m'avouer qu'elle était ravie de renouer ainsi le contact avec sa famille de Brighton. Elle me demande donc de saluer par l'intermédiaire de ma lettre toute votre famille et vous invite à venir lui rendre visite lorsque vous vous rendrez à Londres. Je me joins bien évidemment à ses vœux et j'en profite pour vous remercier de votre invitation à venir vous rendre visite que j'espère pouvoir honorer prochainement. 

      Dans votre lettre, je vois que votre frère revient de Londres, si cela lui arrive prochainement, qu'il n'hésite surtout pas à venir nous rendre visite. Et vous chère Miss Halpen, êtes-vous déjà venue dans notre capitale ? Si vous avez l'occasion de venir, prévenez-moi, la jeune fille cultivée et perspicace que vous êtes pourra sûrement aider à résoudre quelques mystères. Puisque cela n'est assurément pas un prétexte de visite honorable, vous pourrez également voir ma soeur qui vous présentera quelques beaux partis fortunés. Cette dernière raison ravira j'en suis sûre vos parents, à moins que vous ne soyez d'ors et déjà engagée envers quelqu'un. 

      Ma chère Miss Halpen, je vous quitte, mon époux vient de rentrer du travail, et à voir sa mine déconfite, il a sans doute quelques mystères à résoudre... 

Sincères amitiés, 

Charlotte Pitt


 


11 oct. 2011

Cinquième lettre de Constance à Frances


Ma chère Fanny,

Comme j’ai été heureuse d’avoir de vos nouvelles, et d’apprendre que votre sœur attend un enfant. Ainsi la famille s’agrandit ! Vous serez sans doute heureuse d’apprendre que James doit se marier cet hiver.  Mais avant de parler de ce qui se passe chez nous, laissez-moi vous dire que j’admire votre grand cœur et votre capacité à pardonner. Je ne sais pas si, étant dans le même cas que vous, j’aurais pu ne pas avoir envie de brûler les excuses de Monsieur Temple. Néanmoins, puisque vous m’en faites l’éloge, et que je crois deviner derrière vos mots, un petit attachement, je suis prête à lui laisser le bénéfice du doute, mais pour l’instant, vous ne m’enlevez pas de l’esprit qu’on ne doit pas juger quelqu’un qu’on ne connait pas, même si en vous écrivant ceci, j’illustre bien mal mes propos.

 J’arrête de pontifier à ce sujet, et je suis bien aise d’avoir appris que vous êtes pour quelques temps soulagée de la présence de Lord Henry. Peut-être aura-t-il trouvé un meilleur parti pendant son séjour, et vous seriez ainsi libre… Je l’espère ! Je ne souhaite que votre bonheur, et si vous pouviez éviter d’épouser un homme que vous n’aimez pas, tout finirait bien.

Je vous imaginais très bien, en lisant votre lettre, déployer des trésors de finesse pour éviter la compagnie de votre prétendant. Je ris, et  plains votre père, qui a aussi peu de chance avec vous que mon père en a avec moi. Nous ne sommes pas assez sages, Fanny, mais qu’y pouvons-nous ?
Avant de vous parler de l’évolution de l’enquête concernant le mystérieux inconnu, j’ai une grande nouvelle à vous apprendre. Emily est mariée ! Ce fut rapide, vous le constaterez sans peine, et il se chuchote à Londres qu’elle a été surprise en bien fâcheuse position avec son époux, avant leur union. Elle a épousé un écossais, et est maintenant exilée au fin fond des Highlands. Suis-je affreuse de m’en réjouir ? Iris, elle, est assez bonne pour regretter que sa sœur fasse un mariage qui ne la satisfait pas. Je n’ai pas de sentiments aussi pieux, je le crains.

Pendant que j’étais à la campagne une partie de l’été, Nathan a continué son enquête avec brio, et il s’est avéré après recoupements que le duc de Dorset est bel et bien le mystérieux sauveur qui m’a épargné un  scandale tapageur et à qui j’ai imposé un contact… Un peu trop poussé. Comment pourrais-je ne pas en vouloir encore à Emily ! 

Edward, qui finalement a décidé d’abandonner les tables de jeu pour goûter la compagnie de sa sœur, m’a appris qu’il le connaissait bien et qu’ils étaient très amis. Je n’ose pas penser quel homme doit être alors ce duc ! J’aime tendrement mon frère, mais il fait partie de ces jeunes gens peu sérieux, et j’ai entendu père le sermonner à plusieurs reprises à propos d’endroits mal famés… Je n’entrerais pas plus dans les détails, la convenance me l’interdit, et si jamais cette lettre finissait dans de mauvaises mains, ce ne serait pas bon pour vous que je m’adonne à ce genre de confidences. 

Pourtant, il paraît être un parfait gentleman. Je l’ai croisé en sortant de la librairie avec Edward, et nous avons fait quelques pas ensemble dans le parc. J’ai eu l’occasion de lui demander s’il était bien mon sauveur, et c’est le cas. Il a ajouté qu’il avait trouvé l’aventure délicieusement drôle et que je l’avais ouvert au monde charmant des sauveurs de jeunes filles. Il paraît goûter l’ironie, et être assez souvent mordant. Je ne sais trop qu’en penser.  Quelque jour après cette rencontre, Edward m’a confié que son ami m’avait trouvée «  bien différente des jeunes filles ennuyeuses de la haute société, et terriblement fascinante. »
Fascinante ? Moi ? 

Je ne sais trop ce que je dois penser de tout ça chère cousine. S’il se met à avoir un quelconque intérêt pour moi, ce qui serait des plus étranges, père va vouloir me pousser vers lui, et je crains alors que l’intérêt léger que je ressens pour lui ne s’évanouisse en fumée. J’avoue, en me morigénant de cela, que je le trouve très différent des autres hommes, et il est le seul, mes frères mis à part, que j’ai envie de côtoyer.  Je me demande comment je peux penser à cela, alors qu’il soit possible qu’il ne soit pas très fréquentable. Il va falloir que je continue mon enquête, Fanny, mais vous dites-moi ce que vous en pensez ? Dois-je oublier mon inclination sur le champ ? J’y serais encline.

Éclairez moi vite !

Avec tout mon affection,

Constance.

5 oct. 2011

Swap Anniversaire de Lizzy à Elinor

   Ma chère Elinor,

   Le temps me manque pour vous écrire, et je crains que vous souffriez du même problème... Que de choses pourtant, aurais-je à vous conter! Mais ce n'est pas l'objet de cette missive et de mon envoi.
   Vous fêterez bientôt en famille votre anniversaire et je tenais à vous envoyez de petites choses à cette occasion. J'espère que mon paquet vous apportera de la joie.

   Votre amie,
   Elizabeth

   Alors, comme vous pouvez le voir, j'ai été gâté!! Le paquet contenait:
  • 3 livres: Wives and Daughter d'Elizabeth Gaskell, 33 Great Writers on Why We Read Jane Austen et Pride and Prejudice and Jasmine Field.
  • 2 Goodies fait maison!!!! Une jolie bague camée Jane Austen et une magnifique pochette cousue des blanches mains de Mélanie!
  • 1 Gourmandise: Une tablette de chocolat déjà presque finie :)
Merci encore Mélanie/Eiluned/Lizzy!

Deuxième Lettre de Lizzy à Elinor

Août, Longbourn,


        Ma très chère Elinor,


   Saurez-vous me pardonner mon silence? Tant de choses affreuses se sont produites ces derniers jours... J'ai jeté des dizaines de fois les lettres que je vous ai écrites. Au début, ce n'était que pour garder une certaine honte vis-à-vis de certaines choses, mais maintenant que l'opprobre guette ma famille, j'ai besoin de me tourner vers vous et de vous écrire ma chère amie.
   Laissez-moi avant tout réagir à votre charmante lettre, que j'ai relu maintes fois et qui ces derniers jours, m'a quelque peu réconforté. Peut-être abuserais-je de votre hospitalité si les choses ne s'arrangent pas pour nous.
  
   Les agissements de votre belle-mère m'inquiètent fortement. Cela cache t-il quelque chose? Je ne saurais trop vous conseiller de vous méfier! Elle me rappelle un peu Lady Catherine de Bourgh, que j'ai eu l'occasion de connaître durant ce séjour étrange que je fis chez mon amie Charlotte. Les femmes de ce tempérament vous réserve bien des surprises, j'en ai peur. Et leur désir de régenter le monde est des plus forts.
   Je suis si heureuse de lire qu'Edward et vous avez pu passer quelques moments privilégiés ensemble à Londres. Votre couple est un modèle de réussite, et comme j'aimerais que cela se termine ainsi pour tous les amoureux que je peux connaître... Faites attention à Margaret ma chère, peut-être faut-il effectivement l'emmener avec vous. Je ne saurais que trop bien vous recommander de veiller sur elle avec affection et sévérité, le manque de règles peut-être dramatique sur une jeune fille. Vous allez dire que je suis bien sibylline, et vous aurez raison.
   Tant de choses se sont passées Elinor, si vous saviez! Il me semble que le meilleur moyen est d'en parler de manière construite, ce qui en ce moment est bien difficile pour moi. La maison paraît plongé dans le chaos! Repartons donc en arrière si vous le voulez bien, à mon séjour chez Charlotte et son fâcheux époux.
   Mr Darcy, la dernière fois que je vous en parlais, c'était pour le vilipender et vous exprimer tout mon mépris pour lui. Lors de ce séjour à Rosings, il s'est comporté de bien étrange manière, et a recherché ma compagnie. J'étais loin de me douter de ce qui allait se passer. Et la surprise est venue, sous la forme d'une bien étrange demande en mariage. Loin d'être agréable, je dois avouer que je fus bien humiliée par la chose. Vous savez bien que je suis un peu orgueilleuse, malheureusement, et entendre cet ombrageux homme dire qu'il m'aimait contre son gré et ce malgré ma fâcheuse famille, fut vraiment difficile à vivre! Je fus odieuse avec lui. Pour ma défense, je venais d'apprendre par son cousin qu'il avait encouragé son ami Mr Bingley à ne pas courtiser Jane. Sans compter son attitude avec Wickham.
   Il fut terriblement blessé, Elinor, je le crains. Et sa réponse vint sous la forme d'une lettre, qui m'apprit toute la vérité sur celui que je croyais plus qu'apprécier. Wickham! Ce nom me fait frissonner de dégoût maintenant. Les choses sont bien contraires à ce que je croyais. Il était certes le protégé du père de Mr Darcy, mais à sa mort, il a refusé la cure qui lui revenait de droit et a préféré de l'argent, qu'il a dilapidé! Non content de se montrer frivole, savez-vous qu'il a tenté de séduire et d'épouser Miss Darcy? Pour sa fortune? Voilà la seule et unique raison du comportement glacial de Mr Darcy vis-à-vis de Wickham... Et moi qui le défendais... Comme je fus stupide.
   Je n'ai pas pu m'excuser auprès de Mr Darcy, à peine m'avait-il donné sa lettre que lui et son cousin partaient. De mon côté, je n'ai pas tardé à regagner Longbourn, où les choses n'avaient guère changé en mon absence. Lydia et Kitty étaient toujours aussi inconséquentes et ma mère, toujours aussi peu digne. Vous savez que je l'aime, mais combien son attitude peut être puérile! Lydia fut invitée à se rendre à Brighton pour suivre la milice, par une amie mariée, et j'ai beau eu vouloir empêcher cela, père a préféré être débarrassé d'elle plutôt que de se montrer raisonnable... SI j'avais su, je me serais montrée plus persuasive, et j'aurais sans doute parlé du comportement de Wickham à tout le monde, et non pas seulement à Jane.
   Pour ma part, je suis partie avec mes chers oncle et tante les Gardiner, pour un voyage dans le Derbyshire. Nous avons visité Pemberley, et vous devinerez bien qui nous avons croisé... Mr Darcy. Encore et toujours. Alors qu'il ne devait revenir que le lendemain! Il s'est montré des plus charmants, je vous l'assure, et je me suis mise à regretter mon attitude envers lui. Il nous a témoigné le plus grand respect et comblé par ses attentions diverses. J'ai eu le plaisir de rencontrer sa soeur, timide, et pourtant si gentille. La pauvre, après le grand chagrin qu'elle a vécu à cause de Wickham!
   Ce séjour idyllique aurait pu bien se terminer, et j'avais même eu l'occasion de revoir Mr Bingley, qui accompagnait Mr Darcy. Mais savez-vous ce que Lydia a fait? Vous le devinerez sans doute... Elle s'est enfuie avec Wickham! Et Mr Darcy était présent lorsque j'ai lu les lettres envoyées par Jane. Il sait tout. Il sait à quel point nous ne sommes plus fréquentables désormais, éclaboussées que nous sommes par la conduite déraisonnable de notre soeur.
   Je suis rentrée chez nous bien sûr, et nous attendons des nouvelles. Père est revenu de Londres où il était parti à la recherche des deux fugitifs... Sont-ils mariés? J'en doute.
   Vous savez tout Elinor. Dois-je avouer également que je commençais à resentir un certain attachement pour Darcy? Que je me rends compte que j'ai perdu quelque chose qui aurait pu être précieux? Et que Jane, elle aussi, est perdue à jamais pour Bingley? Qu'allons-nous devenir quand notre père viendra à mourir? J'ai très peur de l'avenir Elinor.

   Je vous laisse, il me semble entendre un courrier, peut être de bonnes nouvelles, enfin! Ne tardez pas trop à me donner de vos nouvelles, elles seront sans doute un peu d'air frais dans ma pénible existence.

   Avec toute mon amitié,
      Elizabeth

Post Scriptum: J'ai finalement retardé l'envoi de ma missive pour vous faire part de la nouvelle. Il semble que Lydia et Wickham vont finalement convoler en justes noces, si l'on peut les qualifier ainsi... Ma mère est intenable, mais néanmoins, je suis quelque peu soulagée. Si peu... Je vous laisse, je dois essayer d'empêcher père de s'enfuir devant tant d'agitation. A très vite ma chère amie.

4 oct. 2011

Quatrième lettre de Frances Sainsburry à Constance Montgomery

Très chère Constance,

Il est fort probable que les mots que je pourrais employer seraient insuffisants pour décrire l'indignation que j'ai pu ressentir en vous lisant. J'imaginais qu'une femme capable de tant de perfidie ne pouvait être qu'un personnage de roman. C'est d'ailleurs à cela que votre récit me fait penser, à un roman. Oh, quelle extraordinaire coïncidence ce pourrait être si ce jeune homme avec lequel Emily a tenté de vous compromettre était votre sauveur de l'autre soir ! Ce doit être forcément lui ! Je crois me rappeler que l'une de nos voisines, qui se rend souvent à Londres, a évoqué un jour cet homme comme le plus beau parti du moment. Elle en fit à peu près le même portrait. Serait-il possible que vous soyez également sous son charme, chère cousine ? Comme j'aimerais être à vos côtés pour vous aider dans vos investigations ! Néanmoins j'ose espérer que ce sera bientôt le cas, comme vous le suggérez. Je suis si heureuse que James trouve enfin le bonheur qu'il mérite après tant de déconvenues ! Je souhaite seulement qu'Emily se comporte de manière plus décente lorsqu'elle fera partie de notre famille. Enfin, si cela est nécessaire pour que votre frère connaisse un mariage heureux, il faudra bien nous en accommoder.

Je vous pardonne bien volontiers votre retard, le mien étant plus grand encore. Ces dernières semaines, mon temps a été occupé à esquiver les visite de Lord Henry. J'ai passé mes journées à guetter sa venue afin de pouvoir m'enfuir par l'arrière de la maison à l'instant où son cheval ou sa voiture apparaissait à l'horizon. Père m'a à plusieurs reprises reproché cette attitude et j'ai dû invoquer le superbe temps ainsi que mon étourderie en guise d'excuses. Heureusement, une excellente nouvelle est venue me délivrer de ce fardeau. En effet, Lord Henry a été invité à passer quelques semaines dans le Kent auprès d'amis. Nous espérions nous-même recevoir une invitation à Bath chez ma sœur. Malheureusement elle nous a écrit pour annuler sa proposition car elle attend un enfant et se trouve indisposée par sa grossesse. La joie d'accueillir bientôt un petit neveu ou une petite nièce a largement compensé la déception de voir ce voyage reporté.
J'ai également une toute autre nouvelle qui, je n'en doute pas un instant, va vous surprendre. Je suppose que vous n'avez pas oublié mon altercation avec Mr Temple. Deux jours après cette mémorable soirée, je reçus un billet. Je supposai d'abord qu'il venait de Margaret et trouvai alors étonnant qu'il ne fut adressé qu'à moi. Mais je fus plus surprise encore en y voyant une écriture et un cachet qui m'étaient inconnus. Cette surprise atteignit son paroxysme lorsque j'en lis le contenu, que je vous livre dans son intégralité :
« Mademoiselle,
J'ose imaginer votre étonnement devant l'audace dont je fais preuve en vous écrivant, et de cela, je vous prie de me pardonner. Depuis notre rencontre, je n'ai cessé de me remémorer l'inqualifiable conduite que j'ai eue à votre encontre et vis-à-vis de laquelle vos griefs étaient tout-à-fait justifiés. Je ne vous demande nullement de me pardonner un tel affront, dont j'éprouve moi-même la plus grande honte. En vous écrivant, je désire uniquement vous assurer que ces paroles désobligeantes que vous avez surprises n'ont été l'effet que d'un discours trop léger tenu entre deux membres d'une même famille qui se retrouvaient et non d'un manque de respect volontaire à votre égard. Je vous supplie cependant de ne pas en tenir rigueur à mon cousin, qui n'a eu de cesse de vous défendre avec une grande vigueur. Sachez que je suis tout disposé à vous renouveler mes excuses en personne si vous en avez le désir et j'espère que l'avenir me donnera l'occasion de vous prouver que ces paroles si désobligeantes valent moins que l'homme qui les a prononcées.
Avec mes meilleurs sentiments,
Charles Henry Temple. »

Vous le savez, chère cousine, je ne suis pas rancunière. Après avoir fait comprendre à cet homme ma manière de penser, j'étais plus disposée à le côtoyer de manière formelle. L'arrivée de cette lettre est cependant parvenue à faire évoluer mes sentiments en sa faveur. J'étais aussi étonnée que touchée, particulièrement par sa volonté de défendre Lord Henry, bien que je ne sois pas dupe, ayant assisté à tout leur échange. C'était tout de même le signe que j'avais affaire à un homme de principe, contrairement à ce que j'avais cru. Je tins tout de même à l'éprouver et lui répondis par écrit que j'étais prête à entendre ses explications en personne. Je désirais savoir s'il était réellement prêt à agir de la sorte ou s'il savait seulement bien s'exprimer par écrit. Figurez-vous, Constance, qu'il le fit ! Quelques jours plus tard, au cours d'une partie de campagne réunissant tout le voisinage, nous parvînmes à nous isoler quelques instants pour cet entretien. Sa voix était moins assurée que son style épistolaire et il me sembla quelque peu différent du Mr Temple aimable et presque charmeur que j'avais aperçu à la soirée. Ses explications étaient gauches et décousues mais sa physionomie exprimait une telle sincérité que je ne pus faire autrement que lui pardonner. Je me suis par la suite demandée si je n'avais pas accordé ce pardon de manière trop rapide. Pensez-vous qu'il m'aurait fallu l'ignorer encore un peu plus ? Quoiqu'il en soit, il ne m'a pour le moment donné aucune raison de le regretter, et je souhaite sincèrement que cela ne change pas, car il est d'une très agréable compagnie.

Je vous quitte, en espérant avoir très prochainement de vos nouvelles. Surtout, continuez à vous méfier d'Emily !

Avec toute mon affection,

Fanny