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4 oct. 2011

Quatrième lettre de Frances Sainsburry à Constance Montgomery

Très chère Constance,

Il est fort probable que les mots que je pourrais employer seraient insuffisants pour décrire l'indignation que j'ai pu ressentir en vous lisant. J'imaginais qu'une femme capable de tant de perfidie ne pouvait être qu'un personnage de roman. C'est d'ailleurs à cela que votre récit me fait penser, à un roman. Oh, quelle extraordinaire coïncidence ce pourrait être si ce jeune homme avec lequel Emily a tenté de vous compromettre était votre sauveur de l'autre soir ! Ce doit être forcément lui ! Je crois me rappeler que l'une de nos voisines, qui se rend souvent à Londres, a évoqué un jour cet homme comme le plus beau parti du moment. Elle en fit à peu près le même portrait. Serait-il possible que vous soyez également sous son charme, chère cousine ? Comme j'aimerais être à vos côtés pour vous aider dans vos investigations ! Néanmoins j'ose espérer que ce sera bientôt le cas, comme vous le suggérez. Je suis si heureuse que James trouve enfin le bonheur qu'il mérite après tant de déconvenues ! Je souhaite seulement qu'Emily se comporte de manière plus décente lorsqu'elle fera partie de notre famille. Enfin, si cela est nécessaire pour que votre frère connaisse un mariage heureux, il faudra bien nous en accommoder.

Je vous pardonne bien volontiers votre retard, le mien étant plus grand encore. Ces dernières semaines, mon temps a été occupé à esquiver les visite de Lord Henry. J'ai passé mes journées à guetter sa venue afin de pouvoir m'enfuir par l'arrière de la maison à l'instant où son cheval ou sa voiture apparaissait à l'horizon. Père m'a à plusieurs reprises reproché cette attitude et j'ai dû invoquer le superbe temps ainsi que mon étourderie en guise d'excuses. Heureusement, une excellente nouvelle est venue me délivrer de ce fardeau. En effet, Lord Henry a été invité à passer quelques semaines dans le Kent auprès d'amis. Nous espérions nous-même recevoir une invitation à Bath chez ma sœur. Malheureusement elle nous a écrit pour annuler sa proposition car elle attend un enfant et se trouve indisposée par sa grossesse. La joie d'accueillir bientôt un petit neveu ou une petite nièce a largement compensé la déception de voir ce voyage reporté.
J'ai également une toute autre nouvelle qui, je n'en doute pas un instant, va vous surprendre. Je suppose que vous n'avez pas oublié mon altercation avec Mr Temple. Deux jours après cette mémorable soirée, je reçus un billet. Je supposai d'abord qu'il venait de Margaret et trouvai alors étonnant qu'il ne fut adressé qu'à moi. Mais je fus plus surprise encore en y voyant une écriture et un cachet qui m'étaient inconnus. Cette surprise atteignit son paroxysme lorsque j'en lis le contenu, que je vous livre dans son intégralité :
« Mademoiselle,
J'ose imaginer votre étonnement devant l'audace dont je fais preuve en vous écrivant, et de cela, je vous prie de me pardonner. Depuis notre rencontre, je n'ai cessé de me remémorer l'inqualifiable conduite que j'ai eue à votre encontre et vis-à-vis de laquelle vos griefs étaient tout-à-fait justifiés. Je ne vous demande nullement de me pardonner un tel affront, dont j'éprouve moi-même la plus grande honte. En vous écrivant, je désire uniquement vous assurer que ces paroles désobligeantes que vous avez surprises n'ont été l'effet que d'un discours trop léger tenu entre deux membres d'une même famille qui se retrouvaient et non d'un manque de respect volontaire à votre égard. Je vous supplie cependant de ne pas en tenir rigueur à mon cousin, qui n'a eu de cesse de vous défendre avec une grande vigueur. Sachez que je suis tout disposé à vous renouveler mes excuses en personne si vous en avez le désir et j'espère que l'avenir me donnera l'occasion de vous prouver que ces paroles si désobligeantes valent moins que l'homme qui les a prononcées.
Avec mes meilleurs sentiments,
Charles Henry Temple. »

Vous le savez, chère cousine, je ne suis pas rancunière. Après avoir fait comprendre à cet homme ma manière de penser, j'étais plus disposée à le côtoyer de manière formelle. L'arrivée de cette lettre est cependant parvenue à faire évoluer mes sentiments en sa faveur. J'étais aussi étonnée que touchée, particulièrement par sa volonté de défendre Lord Henry, bien que je ne sois pas dupe, ayant assisté à tout leur échange. C'était tout de même le signe que j'avais affaire à un homme de principe, contrairement à ce que j'avais cru. Je tins tout de même à l'éprouver et lui répondis par écrit que j'étais prête à entendre ses explications en personne. Je désirais savoir s'il était réellement prêt à agir de la sorte ou s'il savait seulement bien s'exprimer par écrit. Figurez-vous, Constance, qu'il le fit ! Quelques jours plus tard, au cours d'une partie de campagne réunissant tout le voisinage, nous parvînmes à nous isoler quelques instants pour cet entretien. Sa voix était moins assurée que son style épistolaire et il me sembla quelque peu différent du Mr Temple aimable et presque charmeur que j'avais aperçu à la soirée. Ses explications étaient gauches et décousues mais sa physionomie exprimait une telle sincérité que je ne pus faire autrement que lui pardonner. Je me suis par la suite demandée si je n'avais pas accordé ce pardon de manière trop rapide. Pensez-vous qu'il m'aurait fallu l'ignorer encore un peu plus ? Quoiqu'il en soit, il ne m'a pour le moment donné aucune raison de le regretter, et je souhaite sincèrement que cela ne change pas, car il est d'une très agréable compagnie.

Je vous quitte, en espérant avoir très prochainement de vos nouvelles. Surtout, continuez à vous méfier d'Emily !

Avec toute mon affection,

Fanny

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