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Bonjour et Bienvenue à toutes et à tous sur le blog du projet "Correspondance d'Autrefois". L'aventure commence avec 23 participantes, un magnifique panel de 27 personnages et 15 passionnantes correspondances à suivre...


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A très bientôt pour suivre toutes ces belles lettres...

26 juil. 2011

Deuxième lettre d'Elinor Ferrars à Elizabeth Bennet.

                                                                                                       

                                                                                   Berkeley Street, London, le 29 juin.


                                    Ma douce Lizzy,

Une fois encore le temps s'échappe à une allure folle et je vous laisse attendre ma réponse, amie ingrate que je suis. Ce n'est pourtant pas un manque d'intérêt de ma part, de cela vous pouvez en être sûre, d'autant plus après ce que vous m'avez conté la fois précédente. Je vous avoue sans honte que ces messieurs Bingley et Darcy m'ont fort intriguée ! Je déteste assurément Mr Darcy de tout mon cœur et autant que vous le souhaiterez pour avoir osé porter affront à une personne si chère à mon cœur. Quant aux sœurs de Mr Bingley, il semblerait qu'elles soient de grandes amies de Fanny et cela m'en dit assez sur le genre de personnes qu'elles doivent être. Le seul que j'ai eu l'occasion de croiser ici à Londres en Mr Bingley, mais là où vous me décriviez un jeune homme charmant et jovial, je n'ai vu moi qu'une triste personne, à tel point que je me suis demandée à plusieurs reprises s'il s'agissait bien du même homme. J’aurais beaucoup aimé croiser ce Mr Darcy aussi pour me faire ma propre opinion car ici tout le monde n'est qu'éloge à propos de lui, en particulier les jeunes filles à marier et leurs mères...
Mais je me rends compte que vous devez vous demander depuis le début de ma lettre ce que je peux bien faire à Londres et je vous promets d'y venir.
J’ai pourtant encore tant de choses à vous dire ! Parlons un peu de ce Mr Collins tout d’abord, si vous le voulez bien ! Dès les premières lignes j’ai su lire entre les lignes et deviner les desseins de ce pédant personnage et je vous le confesse, j’ai tremblé quelques instants, mais me voilà rassurée ! Si je souffle de vous savoir sauvée d’un mariage de raison avec un homme qui vous répugne, je ne peux pourtant que vous conseiller l’indulgence pour votre amie Charlotte, tout le monde n’est pas fait pour l’amour… Et voilà la raisonnable Elinor de retour !
Si cela peut vous rassurer sur le compte de votre amie, je peux vous assurer que la vie de femme de pasteur présente de nombreux intérêts qui sans être une totale compensation devraient donner un sens à sa vie.
Ce qui est sur c’est que personnellement je m’épanouis parfaitement dans cette vie et qu’en ce moment elle me manque cruellement ! Nous voilà donc au cœur du sujet. Vous ne pouvez avoir oublié la visite impromptue de ma belle-mère que je vous relatais lors de ma dernière lettre ? Et bien comme nous le craignions, elle fut évidemment suivie d’actes. Une semaine ne s’était pas écoulée que nous recevions l’ordre plus ou moins déguisé de nous rendre à Londres en tant qu’invités de sa gracieuse majesté Mrs Ferrars ! Ah, mais voilà que je me mets à parler comme Marianne !
Il fut non seulement impossible de refuser, mais impossible aussi à Edward de se libérer de ses obligations.
Vous imaginez donc à quel point les premières semaines furent une véritable torture : à Londres avec pour seule compagnie Mrs Ferrars, Fanny et Lucy ! Qu’ai-je fait pour mériter une telle punition. Bien heureusement Marianne et le Colonel sont revenus de France durant la deuxième quinzaine du mois de Mai et depuis les choses se sont grandement améliorées et je dois avouer que nous nous sommes beaucoup amusées avec mes sœurs. Marianne n’a de cesse d’acheter de nouvelles robes à Margaret et de l’emmener dans tous les bals où le colonel Brandon a l’amabilité de faire danser la vieille femme mariée que je suis !
Je laisse Mrs Ferrars à ses manœuvres et profite de mon séjour. Mais quel ne fut pas mon bonheur, début Juin, lors qu’Edward pu enfin nous rejoindre même si ce ne fut que pour une quinzaine. Loin de notre cottage et de nos obligations nous avions l’impression d’être à nouveau de jeunes fiancés, amoureux comme au premier jour, ce fut délicieux. Ce fut également l’occasion pour nous de rencontrer de nouvelles personnes et de nous faire de nouveaux amis. Edward a particulièrement sympathisé avec un certain Edmund Bertram qui vient comme lui d’une grande famille et exerce la même profession que lui et avec la même passion. Vous imaginez dont bien tout ce qu’ils avaient à se dire, et avant que mon cher Edward ne reparte, Mr Bertram a réussi à lui arracher la promesse de venir lui rendre visite bientôt. Je ne peux que me réjouir de ce voyage qui fera le plus grand bien à Edward et qui sera pour moi l’occasion de rencontrer sa femme Fanny dont il parle avec une grande douceur.
De plus, Mansfield Park, la maison principale dirigée par le frère aîné d’Edmund depuis le départ de leurs parents pour les Antilles, jouit parait-il d’un sublime jardin et offre de magnifiques promenades. J’en rêve jour et nuit, pour moi comme pour le petit Charles qui se languit des grands espaces. Vous imaginez bien que depuis qu’Edward est reparti, nous n’aspirons qu’à rentrer à notre tour, d’autant plus que Marianne et le Colonel sont également partis, pour rendre visite à des amis. J’ai néanmoins réussi à nous faire installer chez Mrs Jennings sous le prétexte que je ne pouvais imposer Margaret, qui est restée avec moi, chez Mrs Ferrars. Ce ne fut pas sans mal c’est chose faite. C’est donc uniquement pour Margaret que je prolonge encore mon séjour. Elle semble tellement s’amuser… Cela ne m’empêche pas d’être vigilante, soyez en sûre, mais Margaret n’accorde de faveur particulière à personne pour le moment. Un soir qu’elle se confiait à moi, elle m’a avoué qu’elle ne voulait surtout pas se tromper et je me rends compte que l’épisode Willoughby l’a marqué plus qu’on ne l’aurait cru.
Peut-être l’emmènerais-je à Mansfield avec moi pour qu’elle voie autre chose que les lumières de Paris ou de Londres, et Charly, le premier homme dans son cœur, en sera fou de joie. Je vais d’ailleurs terminer cette lettre en répondant à votre question sur mon petit Charles.
Il ressemble très nettement à son père avec dans les yeux le même éclat que dans ceux de Marianne et cela me promet bien de soucis…
J’espère ne vous avoir pas trop ennuyé avec toutes ces histoires ! Quant à vous n’hésitez pas à m’envoyer de nouveau l’une de vos longues lettres dont vous avez le secret et qui me ravissent toujours !
J’espère que ce Mr Darcy ne vous aura pas trop importuné, je veux connaître tous les détails ! Et si vous trouvez le temps de venir me rendre visite, vous savez que vous serez toujours la bienvenue chez moi, aussitôt que j’aurais pu m’y réinstaller moi-même.
Avec toute mon affection,

                                                                                                  Elinor Ferrars.

24 juil. 2011

Deuxième lettre de Gabrielle Penilwater à Evelyne Naleskini


Melle Gabrielle Penilwater

Bellevue Hospital

462 First Avenue

New York, 10016

A l’attention de :

Melle Evelyne Naleskini

New York, le 9 juin 1804,


Mademoiselle Naleskini,

Tout d’abord, je vous prie de bien vouloir excuser le retard de ma réponse. Je pourrais incriminer les services postaux, ou bien la pénurie de papier à lettres. Il n’en est rien. De nouvelles arrivées à l’hôpital ont allongées mes journées de quelques heures. De nouveaux patients, mais également des novices à former, notamment sur le traitement de cas, particulièrement difficiles.

En disant cela, je pense à l’un d’entre eux, un jeune homme de notre connaissance, qui a vu son séjour de prolonger de quelques semaines.

Pourquoi ? Eh bien, il s’ennuyait tellement qu’il a voulu « faire le mur », nous a-t-il dit. Seulement voilà : même si il ne lui restait que deux ou trois jours de convalescence, son bras n’était pas tout à fait rétabli. Il n’a pu supporter le poids de votre cousin, suspendu en haut du mur. La chute qui a suivi lui a cassé une jambe et deux côtes.

Tout ça pour venir au fait que je n’ai pas eu une minute à moi pour répondre à votre gentille lettre. Les gâteaux ont été énormément appréciés…et que dire du thé, si ce n’est que les américains ne sont bons qu’à récolter les feuilles de tabac.

J’ai essayé de parler légendes celtiques avec Léonard, comme vous me l’aviez conseillé. Il est devenu vite intarissable, jusqu’à l’arrivée d’un visiteur, vraisemblablement un de ses amis. Peut-être le connaissez-vous ? Il est grand, roux et écossais !

Il m’a été beaucoup plus sympathique que votre cousin, je dois l’avouer. D’abord très rude, il a fait montre d’une gentillesse extrême par la suite. Il a même rendu agréables les corvées que je dois faire auprès de notre malade impossible ! Il passe tous les jours le voir et passe deux longues heures à discuter à lui. La dernière fois que je suis venue changer ses bandages, votre cousin m’a parlé de guerriers légendaires écossais, vivants dans les régions les plus isolées de l’ile britannique, qui étaient devenues immortels après s’être relevés d’une première mort. Ils ont, m’a-t-il dit, le pouvoir de guérir leur blessure, et ne vieillissent jamais. J’ai bien cru qu’il se moquait de moi, jusqu’à ce que monsieur Mc Cloud confirme ses dires. Soit disant que seul le tranchant d’une épée pouvait leur ôter la vie. Ils ont bien ri quand je leur aie répondu que n’importe qui mourrait d’une telle blessure !

…. Et voilà votre cousin qui vient de me faire avoir un accident avec ma vieille plume ! Je vous jure que s’il n’avait pas une parente aussi gentille que vous, cela ferait longtemps que j’aurais confié ses soins à une confrère ! Et pourtant après tout ce que vous m’avez révélé sur son histoire, il m’arrive encore de le gronder comme un enfant, pour tout lui pardonner la seconde suivante. Il a tout de même de bons côtés. Il m’a offert le roman d’une auteure anglaise : Ann Radcliffe. Ça parle de château hanté : Les mystères d’Udolfe.

Votre cousin a peut être voulu me faire une nouvelle plaisanterie avec cette histoire d’épouvante, mais il ne sait peut être pas à quel point je suis friande de ce genre de récit.

Sitôt mon travail à l’hôpital terminé, je file dans les rues, courant presque, rejoindre mon parc adoré où m’attend un orme qui trône là, en endroit parfait pour s’adonner au plaisir de la lecture. Je peux rester assise là des heures, plongée dans le livre dont les personnages vont peupler mes nuits, accompagnée d’un sandwich et d’une pomme pour agrémenter ces délicieux instants.

C’est là que vous trouverez la réponse à la présence de cette petite fleur rose dans cette lettre. Je l’ai machinalement cueilli en parcourant les pages du roman.

Sincères salutations.

Gabrielle Penilwater

23 juil. 2011

Troisième lettre d'Amelia Wilson à Fiona Finnegan (extraits)

Miss Amelia Wilson
5 Bedford Square
Londres


12 juillet 1899

Ma très chère Fiona,

Voici bien longtemps que l'occasion de prendre la plume pour vous répondre ne s'est présentée. Et je forme le vœu que vous ne me tiendrez pas rigueur de ce délai.

Rentrant de mon périple outre-Manche, il y a une dizaine de jours – ce qui excède de loin la durée que j'avais annoncée auparavant -, votre lettre m'attendait. J'en ai pris rapidement connaissance, mais depuis lors, il a fallu régler moult détails d'intendance, comme souvent au retour d'un long voyage. (...)

Je ne sais que vous conter de ces six semaines, tant elles furent riches en découvertes, si étonnantes à mes yeux, mais sans doute bien banales aux vôtres. L'émerveillement fut à son comble à Paris. La ville est magnifique, quoique bien crottée par endroits. (...) Les quartiers remaniés par le baron Haussmann en particulier sont fort réussis. Il s'en dégage une force et une curiosité peu présentes ailleurs. Je vous avouerai néanmoins avoir peu apprécié la façade de l'opéra réalisé par M. Garnier. La légende veut d'ailleurs que, lorsque l'architecte présenta le projet à l'empereur, un de ses conseillers ait émis quelques réserves en prononçant ces mots : "Cela n'a aucun style", auxquels on répondit avec sarcasme, "Si, le style Napoléon III". Je ne sais si cette anecdote est vraie, mais elle a eu le don de me faire rire. Mrs Caxton m'a encouragée à aller voir de plus près la tour de métal réalisée par M. Eiffel. Quel étonnant objet ! Depuis dix années, cette carcasse de fer domine la Seine, au grand dam des Parisiens qui souhaitent la voir disparaître. La prouesse technique est admirable, mais l'esthétique fait défaut. J'espère de tout cœur que les créations de l'Exposition prévue pour l'année à venir feront davantage l'unanimité.

De notre séjour à Nice, qui a duré presque cinq semaines, au lieu des trois prévues, je retiendrai la douceur du climat, une lumière étonnante – qui fait le bonheur des peintres – et les odeurs des plantes qui vous charment les sens à chaque promenade sur les sentiers de campagne. Nous logions à l'hôtel Regina, édifié pour répondre aux attentes de notre souveraine, et qui offre toutes les commodités modernes. Je ne saurais trop vous le recommander si vous venez à passer par Nice : il est certain que vous serez charmée par les lieux autant que par la clientèle, fort agréable. J'y ai, pour ma part, fait la connaissance d'une charmante jeune Française, prénommée Apolline. (...) Sa conversation et ses lectures ont grandement amélioré mon français, qui n'était pas aussi bon que mes maîtres me l'ont fait croire. Désormais, je me sens bien plus à l'aise avec cette langue, ce qui réjouit Mrs Caxton, laquelle demeure hermétique au français. (...)

J'entends, ma chère Fiona, que l'on m'appelle. Il me faut donc briser là, bien que j'aurais eu encore mille détails à vous conter. Vous échappez ainsi à une lettre fleuve.

J'ai hâte de lire de vos nouvelles américaines.

Bien à vous,

Amelia Wilson

3 juil. 2011

Deuxième lettre de Mary Bennet à Elizabeth Lowgood.




Longbourn,
Le quinze juin 18**

Ma chère Elizabeth,

Veuillez excuser le retard que j'ai pris à l'écriture de cette lettre. A vous parler franchement, je fus retardée par mes études. En effet, elles sont des plus prenantes et intéressantes. Je vous pris de ne pas prendre cela comme une offense, mes sentiments à votre égard sont toujours des plus forts et honorables. Je continue de vous apprécier, et suis affligée que nous ne puissions guère nous voir autant que nous pourrions le souhaiter.
Bien que je ne fusse pas très satisfaite des quelques lignes que je vous envoyais voilà deux mois, j'ai cru comprendre à travers votre lettre que vous les avez tout de même apprécié. Vous ne pouvez imaginer combien cela me comble de joie. Malheureusement, cette fois-ci j'ai peu de choses à vous raconter et cela me désole.

Rencontrer votre frère me serait une grande joie , je lui témoignerai, sans aucun doute, mon amitié la plus sincère, s'il vous est semblable. Dans le même temps, je suis persuadée que la société de votre oncle ne me sierrait guère. Je n'ai aucun connaissances militaire. Mes soeurs les plus frivoles pourraient peut-être se faire passer pour des adeptes de ce sujet dans le seul but d'être vues et aimées. Vous trouvez peut-être que j'exagère ? Vous ne les connaissez point aussi bien que moi.

Je savais que la demeure de Mr Darcy était très proche de la vôtre ; je serais très heureuse de profiter d'un passage chez Lizzie pour avoir le plaisir de vous rencontrer à nouveau. Je suis d'ores et déjà impatiente.
Je suis également certaine que je pourrais trouver miss Karnsetin charmante et d'une excellente compagnie. Elle pourrait se joindre à nous lorsque je viendrais vous rendre visite. Ainsi j'aurais le plaisir de comparer votre description de son caractère avec son modèle original.

Sachez Elizabeth - j'ai conscience de me répéter - que je vous suis attachée et que j'espère votre amitié pour moi des plus fidèles.


Ma lettre ne pourrait être plus courte et j'en éprouve une grande honte. Simplement, je vous avais prévenu d'un contenu pauvre et vous en avez à présent la preuve. Je m'empresse de terminer avant de m'étaler en piètres excuses. Je pars lire Shakespeare. N'êtes-vous pas sensible à cet auteur remarquable Elizabeth ? Au fait, n'avez-vous pas un sobriquet ?


J'espère de tout coeur que la présente vous trouvera en bonne santé. Je suis pressée d'avoir entre les mains votre prochaine lettre. N'ayez pas ma bêtise, ne me faites pas trop attendre.

Bien à vous,
Mary Bennet.