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Bonjour et Bienvenue à toutes et à tous sur le blog du projet "Correspondance d'Autrefois". L'aventure commence avec 23 participantes, un magnifique panel de 27 personnages et 15 passionnantes correspondances à suivre...


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6 juin 2011

Troisième lettre de Constance Montgomery à Frances Sainsburry

Ma très chère cousine,

Votre lettre a été un rayon de soleil dans une journée bien morose.
Je suis tout de même assez triste que les retrouvailles avec votre sœur n’aient pas été plus heureuses. Son mari m’a l’air d’être fort ennuyeux, et il est le type même de l’homme que je ne désire pas épouser. La suffisance est pour moi pire que la bêtise, bien que ce soit des défauts qui vont souvent de paire. J’espère pour votre sœur qu’elle restera à jamais bercée d’illusions, et qu’elle vivra longtemps dans ce doux déni. Malheureusement, la vie ne peut lui offrir d’autres alternatives, aussi espérons qu’elle reste ainsi qu’elle est maintenant. Nous ne pouvons pas lui souhaiter autre chose.
Je vais maintenant aborder le point de votre lettre qui m’a le plus révoltée. Ce monsieur Temple ! Mais quel homme est-ce que cela ? Vous juger sans vous connaître ? Et ce Lord Henry qui ne vous a défendu que mollement ? Un homme, un vrai, aurait joué les chevaliers ! Il aurait combattu, même verbalement, pour vous. Me voila de plus en convaincue. Vous ne devez pas épouser ce triste sire. Si tous ces amis sont à la mesure de ce goujat qui a dressé de vous un portrait si injuste, il m’est avis que vous serez malheureuse. Même si je dois pour cela me rendre auprès de vous, et convaincre mon oncle, j’empêcherais ce mariage ! Je n’en serais pas à ma première incartade.
Voyez vous, très chère Fanny, j’ai quelque peu fait parler de moi ces derniers temps que ce soit dans l’intimité familiale que dans le tout Londres, et je crains que maintenant je n’ai plus le loisir de rejeter un prétendant. Je n’en aurais pas. Je sais que cela devrait me réjouir, mais père semble très affecté par mes bêtises.
Laissez moi tout vous raconter.
Vous savez que j’avais décidé que James ne pouvait, et ne devait pas épouser sa chère Emily. Je me suis donc lancée dans une croisade veillant à la mettre hors jeu. Mes deux autres frères m’ont épaulée, et j’ai vite découvert que la belle avait plusieurs prétendants, et qu’elle était à la chasse du mari le plus riche possible. J’ai réussi à convaincre sa sœur de me remettre la correspondance privée de l’angélique créature, et après avoir découvert qu’Emily échangeait des courriers enflammés avec un jeune Lord, j’ai décidé de montrer les lettres à mon frère.
Voilà la première bêtise. Certes, James, même s’il a eut le cœur brisé, m’a été reconnaissant de lui avoir empêché une bévue. Oui mais voilà, Emily, elle, a été plutôt fâchée de l’affaire. Surtout quand James a contacté un par un ses autres soupirants, et qu’elle s’est bientôt retrouvée dépourvue de possibles maris. Si vous l’aviez vue, quand elle m’a rendu une dernière visite après cette fâcheuse histoire… La fureur incarnée. Adieu jolis minois et mines étudiées, elle n’était plus que venin et fiel.
J’aurais du me tenir sur mes gardes après cela. Imaginer qu’elle pouvait avoir envie de se venger, de moi, ou de James, et essayer de ne pas tomber dans un de ses futurs pièges. Oui mais voilà, parfois, je ne suis pas quelqu’un de très réaliste.
Au dernier bal auquel j’assistais, alors que je prenais l’air dans le jardin de mes hôtes, n’en pouvant plus de tant de chaleur et de monde, je fus rejointe par un inconnu. Je ne mis pas longtemps à comprendre qu’on essayait d’attenter à mon honneur. Je ne vous dirais pas ce que ce malotru m’a susurré mais je puis vous assurer que ce n’était pas des versets de la bible. Je le giflais et m’apprêtais à regagner discrètement la salle de bal, en essayant de remettre un peu d’ordre à ma toilette, qui avait été dérangée par un geste honteux de cet impudent personnage et surtout de me calmer, quand je vis des silhouettes s’approcher du jardin. Je reconnus le rire flûté d’Emily. Ainsi donc, cette odieuse créature voulait me perdre ? Je crois que je me serais évanouie si on ne m’avait pas attirée vers l’arrière d’un buisson. (Vous allez vous dire que ma lettre tourne au vaudeville, mais tout est vrai !)
« Suivez-moi. » Dit une voix que je ne parvins pas à reconnaître.» Dans l’obscurité, je ne parvins pas vraiment à distinguer les traits de mon sauveur, mais il devait parfaitement connaître les lieux, et après quelques instants de marche à travers fourrés et petites allées, nous regagnâmes, par une autre porte, la maison.
A peine voulus-je le remercier que le mystérieux inconnu me planta là, sans mot dire. Je remis rapidement de l’ordre dans ma tenue, et entrais dans la salle de bal avec toute la discrétion possible. Je me jetais vers le buffet, et me fit servir un verre de punch pour me donner une contenance. Une danse se finissait. J’aperçus enfin Nathaniel dans la salle et me précipitais vers lui pour lui conter mon aventure. J’aurais sans doute du me tourner vers le plus sage de mes frères, James, mais dans l’affolement, je n’ai pas réfléchi. Je lui ai désigné discrètement mon assaillant. Nathaniel a rougi furieusement, s’est dirigé vers lui, et l’a frappé d’un coup de poing.
Rien que d’y repenser, je me sens coupable. S’en est suivi une bagarre, remportée certes par mon frère, et mon honneur est plus ou moins lavé. Oui, mais maintenant, on m’appelle l’intouchable, et on murmure que quiconque voudrait se marier avec moi risquerait de se voir battre par mes frères.
Père a exigé de savoir l’intégralité de l’histoire, et j’ai du lui raconter pourquoi Emily m’en voulait à ce point. Je ne l’ai jamais vu plus fâché. Une lady ne se mêle pas des affaires des autres ! A-t-il hurlé.
Cela fait quelques jours que tout cela s’est passé, et j’ai depuis beaucoup repensé à ce mystérieux inconnu. Qui pouvait-il bien être ? J’aimerais pouvoir le remercier, je ne sais jusqu’où aurait été l’envoyé d’Emily sans cela. Aurais-je été totalement déshonorée ? Je préfère avoir la réputation d’une intouchable plutôt que celle d’une femme souillée.
Ô chère cousine, qu’allons nous devenir ? Entre votre prétendant détestable et ses drôles de fréquentations et mon nouveau surnom, je crois que toutes les deux nous sommes dans de beaux draps !
Vous souvenez vous quand enfant nous rêvions du prince charmant ? C’était il me semble il y a des siècles ! Que nous étions naïves…

Je vous embrasse, ainsi que toute votre famille et particulièrement votre petite sœur.
Ne tardez pas à m’écrire, je me languis déjà de savoir si les choses s’arrangent pour vous.

Votre cousine dévouée, Constance.

3 commentaires:

  1. Quelle plaie cette Emily ! Heureusement qu'elle n'épouse pas James !

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  2. Oh que oui ! Je suis sûre qu'elle n'a pas fini de jouer les fauteuses de trouble !

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  3. Il y a du potentiel masculin dans cette histoire !

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