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Bonjour et Bienvenue à toutes et à tous sur le blog du projet "Correspondance d'Autrefois". L'aventure commence avec 23 participantes, un magnifique panel de 27 personnages et 15 passionnantes correspondances à suivre...


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A très bientôt pour suivre toutes ces belles lettres...

4 mai 2011

Réponse d'Evelyne Naleskini à Gabrielle Penilwater

Melle Evelyne Naleskini
23, Oxford Street
London - England
Melle Gabrielle Penilwater
462, First Avenue
New York, 10016
USA


Chère Mademoiselle Penilwater,
La réception de votre lettre m'a apporté un grand réconfort. Je désespérais de n'avoir jamais de nouvelles de mon cher cousin. Je craignais qu'il ne lui soit arrivé quelques malheurs. Certes, la lecture de sa lettre, alarmante au possible, m'a fait craindre le pire mais vos quelques mots l'accompagnant m'ont immédiatement rassurée.
Oserais-je même vous dire qu'ils m'ont fait sourire ? Cousin Léonard est un véritable farceur qui aime se jouer des autres. Surtout ne vous laissez pas prendre à son jeu ou vous risquez de n'en jamais voir la fin. Néanmois, il reste un homme charmant et très attentionné pour peu que l'on sache comment s'y prendre avec lui. Pour le rendre aussi gentil qu'un agneau, je vous conseillerais de lui parler de nature ou de légendes celtiques. Son père, mon oncle, possédait une demeure près de la forêt de Brocéliande, en France, et s'est pris de passion très tôt pour le mystère qui entourait cet endroit. J'ose enfin espérer que le thé et les quelques biscuits que je lui envoie amélioreront son humeur.
J'ose espérer également qu'il ne restera pas alité trop longtemps. Son caractère impétueux et aventureux ne se marie guère avec l'obligation de rester couché tout le jour. J'aurai tant aimé pouvoir lui rendre une visite, hélas mes parents, très protecteurs ne me laisseraient jamais effectuer la traversée de l'Atlantique seule. Depuis la période trouble que nous avons traversée lors de la révolution française, ils sont devenus très soucieux de notre sécurité. Cousin Léonard vous a-t-il parlé de notre évasion du sol français en 1789 ? Je n'étais âgée que d'une dizaine d'années à cette époque mais je me souviens de tous les détails comme si ils s'étaient déroulés hier. La révolution grondait et la noblesse dont faisait partie ma famille (mon père est le Comte Naleskini et occupait la position d'ambassadeur polonais à la cour de Louis XVI) était plus menacée que jamais. Léonard était âgé d'une quinzaine d'années. Son père et le mien avaient prévu de quitter la France le plus vite possible. Mon père sentait que la situation ne pouvait que s'envenimer et que le malheureux roi de France n'aurait jamais la force de redresser la situation. Mon oncle, vivant en Bretagne et mon père à Paris, ils avaient prévu de se retrouver en Normandie et de cette région de prendre un bateau pour gagner les côtes britanniques. Hélas ! Si mes parents, ma petite soeur et moi-même avons réussi à arriver sans encombre au Havre, il n'en fut pas de même pour Léonard et sa famille. Son père avait prévenu quelques amis qu'il comptait fuir la France, déguisés en simples gens du peuple. Malheureusement, cette rumeur d'évasion s'est ébruitée et la nuit où se sont mis en marche mon oncle et sa famille (Léonard avait trois soeurs et un petit frère), une foule de révolutionnaires assoiffés de sang les attendait quelques kilomètres plus loin. Léonard n'était pas avec eux ; il s'était rendu au village pour y acheter quelques provisions pour leur voyage. Il avait emmené avec lui son plus jeune frère Henri qui ne le quittait jamais d'une semelle. Quand il s'est approché de leur lieu de rendez-vous, il n'a pu que constater que la masse sanguinaire des révolutionnaires avait déjà capturé ses parents et ses soeurs. Tiraillé entre le besoin d'aller aider sa famille et celui de protéger son frère, ce sont les pleurs du petit Henri qui le convainquirent de rester en retrait. Il ne pouvait plus rien pour sauver les siens mais il pouvait toujours mettre son frère en sécurité. Léonard, cachant le visage de son petit frère dans son épaule, a assisté au massacre de sa famille avant de se remettre en route pour la Normandie pour nous y rejoindre deux jours plus tard. Nous avons embarqué comme prévu pour l'Angleterre et mon père a élevé mes deux cousins comme ses propres fils.
Léonard n'a jamais pu oublier cet épisode de sa vie. C'est pour cette raison, que plus âgé, il a quitté l'Angleterre pour les Etats-Unis où il pouvait s'engager librement dans l'armée et ainsi prouver sa valeur et essayer de rétablir un peu de justice dans ce monde. Comme je vous comprends, Mademoiselle Penilwater lorsque vous affirmiez que la guerre était l'une des choses les plus horribles au monde ! Je m'estime presque chanceuse, voyez-vous, d'être sortie vivante de cet enfer. D'autres, comme bon nombre de mes amies, et bien sûr mes très chers oncle et tante n'ont pas eu cette chance.


Mais voilà que je vous relate tout un pan de ma vie et de celle de Léonard sans que vous n'ayez rien demandé. Je vous prie de m'en excuser et espère que je ne vous aurai pas ennuyée avec toutes ces histoires.
Je vous remercie à nouveau chaleureusement pour votre lettre. Je me doute que d'écrire aux familles des blessés ne doit pas être tâche facile et c'est tout à votre honneur de ne pas y faillir.
Je vous prie de recevoir, Mademoiselle, l'assurance de mes salutations distinguées.
Evelyne Naleskini
Post scriptum : Vous avez bien fait de ne pas m'envoyer le morceau de tissu tâché de sang. Je pense qu'il ne s'agissait là que d'un énième facétie de la part de Léonard. Vous trouverez ci-joint une lettre à l'attention de mon cousin ainsi qu'un paquet contenant deux boîtes de thé, une est pour Léonard, la seconde pour vous, pour vous remercier de votre gentillesse, ainsi que des biscuits confectionnés par moi-même.

6 commentaires:

  1. Oh quelle histoire tragique que celle de Léonard !

    On ne peut que lui pardonner ses facéties après avoir lu ça !

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  2. Oh ! quel homme ! J'en tomberais bien amoureuse... mais je le laisse à la si efficace infirmière Penilwater.

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  3. Beuh... on verra ! On n'est pas dans Grey's Anatomy ! :D (bpn, ok, s'il ressemble à Denny Duquette, ça va être chaud !)

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  4. J'ai un des frissons en lisant ce qui est arrivé à ce pauvre Léonard, c'est très triste!!

    En revanche le com d'Emma m'a bien fait rire!!

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  5. Hihihi j'avais pas fais le rapprochement avec Grey Anatomy ;) On verra bien la suite des aventures de Leonard dans la prochaine lettre de Gabriel !

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  6. Quelle histoire !!! Pauvre Léonard, on est triste pour lui

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