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Bonjour et Bienvenue à toutes et à tous sur le blog du projet "Correspondance d'Autrefois". L'aventure commence avec 23 participantes, un magnifique panel de 27 personnages et 15 passionnantes correspondances à suivre...


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3 mai 2011

Première Lettre de Lizzy à Elinor


Très chère Elinor,

Vous ne pouvez pas imaginer le plaisir qui fut le mien à réception de votre lettre. Combien de fois ai-je déploré que nous n’ayons plus de contact ! Mais c’est aussi bien ma faute que la vôtre, et n’en parlons plus. Votre lettre a tardé à m’atteindre car je suis en ce moment loin de Longbourn et séjourne chez mon amie Charlotte, et son fâcheux époux. Mais je vais trop vite en besogne et avant d’aborder les nouvelles concernant les Bennet et leurs proches, j’ai mille choses à commenter sur votre missive.
Je ne m’étonne pas qu’Edward soit aimé dans sa paroisse, nul doute que s’il a eu la chance de vous plaire, il doit être un homme de qualité. Comme il est heureux que vous ayez fait un mariage d’amour. En tant qu’amie, j’en suis, à chaque fois que j’y songe, remplie de joie.
Charles vous ressemble t-il ? De qui a-t-il hérité ses traits ? J’espère avoir l’occasion, un jour, de venir vous rendre visite, même très brièvement, pour avoir le bonheur de vous contempler épanouie dans votre union matrimoniale, et dans votre rôle de mère. Vous devez être un savant mélange de sévérité et de douceur vis-à-vis de votre fils.
Votre horreur quant à la venue de cette Mrs Ferrars ne m’étonne pas, quel manque cruel à la bienséance de sa part ! J’eusse aimé que vous puissiez la chasser, mais cela ne se fait pas… Elle m’a en tous les cas l’air d’être égoïste et bornée, et je plains votre époux de l’avoir comme parente, et pire, comme mère. Mon jugement envers une inconnue est peut-être sévère, mais la peur qu’elle ne vous nuise m’ôte toute culpabilité.  
Je ne peine guère à penser  que la vive Marianne puisse se plaire à Paris ! Une ville faite pour elle, sans nul doute. Je me rappelle avec grand plaisir son impétuosité et  son âme farouchement romantique.
 Je suis sûre que Margaret ne se laissera pas marier à un comte si elle ne le désire pas, pour ma part, je l’imagine volontiers avec un savant, et je pense que l’époux de Marianne saura veiller à ce qu’elle soit sage et discrète telle que vous l’étiez à son âge. J’ai toujours admiré votre caractère, et déploré de ne point être  semblable à vous. Justement, à ce propos, j’avoue que je suis curieuse quand je lis que vous vous risquez à  quelques libertés ? Quelles sont-elles ? A quelles privautés osez vous vous adonner ? Je vous taquine et ne peut que vous encourager en ce sens, rien que l’idée que vous osiez une impertinence suffit à me faire sourire !
Il me reste maintenant à vous donner des nouvelles de ma famille. Elles seront longues, aussi commencerais-je en vous disant que tout le monde se porte plutôt bien.

Notre quotidien fut il y a peu, disons quelques mois, bouleversé quand un gentleman du nom de Bingley  loua Netherfield Park. Il ajoutait au fait déjà fort honorable de nous donner une personne de plus à visiter, une rente d’environ cinq mille livres et l’état de célibataire, ce qui plongea ma très chère mère dans le bonheur le plus total, et nous donna le droit d’assister à quelques scènes mémorables où ses chers nerfs furent invoqués pour que père fasse la visite qu’on était en droit d’attendre de lui. Je le soupçonne de jouer avec mère, et ne suis pas loin de penser qu’elle le mérite si elle ne comprend toujours pas le caractère de son mari après des années de mariage. Moi-même je suis parfois bien tentée de glisser quelques remarques sur les fameuses crises de mère, mais je me contente de regards entendus.
Quand nous avons eu le bonheur de faire la connaissance de Monsieur Bingley, nous l’avons toutes trouvé charmant, avec de parfaites manières et un visage avenant. Il a très vite préféré la compagnie de la douce Jane, et cette dernière a vite  commencé à ressentir un certain attachement à son égard. Néanmoins, malgré la gentillesse de Bingley, il avait dès le départ, le défaut d’avoir deux sœurs d’une fierté choquante et dotées d’une tendance fâcheuse à être  méprisantes envers la société campagnarde comme elles doivent appeler notre cercle d’amis, et  avait de plus amené dans son sillage le plus désagréable et hautain gentilhomme, si l’on peut parler de lui ainsi, qu’il m’est été donné de connaître. Mr Darcy. Ce nom sonne froid à mon oreille, et je puis vous assurer que son comportement est aussi dur que la sonorité de son nom. Je n’avais pas même été présentée à lui qu’il me blessait déjà en refusant de danser avec moi, sous prétexte que j’avais été dédaignée par le reste des danseurs, et que je n’étais pas assez jolie pour le tenter.
J’eus pu aisément lui pardonner son manque d’amabilité, mais d’autres événements ont renforcé mon animosité à son égard…
Mère a tout fait pour jeter Jane dans les bras de Bingley, et elle s’est montrée tellement sans gêne, et si indigne d’une personne bien élevée, que j’ai eu honte d’elle. Imaginez qu’elle a été jusqu’à envoyer Jane à Netherfield, où ma sœur était invitée à souper, à cheval, par un temps exécrable, pour être sûre que Jane ne puisse pas rentrer chez nous tout de suite. La pauvre chérie est bien sûr tombée malade, ce qui a renforcé l’intérêt de Bingley envers elle, quoi de plus romantique qu’un refroidissement n’est ce pas ? Ma sœur a été évidemment très touchée des marques de bienveillance de son ami envers elle, et son cœur a définitivement été conquis. J’ai eu l’occasion, en allant m’occuper d’elle ne pouvant, et ne voulant pas la laisser seule au milieu de presque étrangers, de renforcer mon opinion quant aux sœurs de Bingley, et surtout quant à cet arrogant de Darcy. Il s’est pourtant parfois montré aimable, de manière assez étrange, au grand dam de Miss Bingley dont les manœuvres de séduction vis-à-vis de l’ami de son frère sont si maladroites qu’elles en sont risibles.
A peine étions nous rentrées de Netherfield qu’arrivait un visiteur. Notre cousin, Mr Collins, qui doit hériter de Longbourn à la mort de père. Il a été récemment nommé à la cure de Hunsford, et il est sous l’égide de Lady Catherine de Bourg (qui s’est révélée être la tante de Mr Darcy, le monde est ridiculement petit…) dont il a longuement chanté les louanges.
 J’ai le regret de vous informer que mon cousin s’est montré être à la fois un mélange de suffisance et de servilité, et que nous avons eu parfois bien du mal à ne pas rire de lui, du moins ouvertement. Le pire reste néanmoins à venir…
Savez vous ce qu’il a fait ? Oh, je suis sûre que vous trouvez la solution sans que je vous dise ce qu’il en est. Non ? Bon, je confesse la triste et sinistre vérité. Après m’avoir fait crouler sous les attentions les plus diverses lors du bal donné par Mr. Bingley, il a jugé le temps venu de me demander en mariage. Oui. Vous lisez bien ! Et non, ce n’est pas une plaisanterie. Bien sûr il aurait  préféré Jane, mais mère lui ayant fait remarquer que celle-ci serait bientôt fiancée, je fus le second choix. Mon père eut l’extrême gentillesse de me soutenir dans mon refus, qui fut d’abord mis sur le compte de la coquetterie par mon prétendant. Oui, la coquetterie… Vous me connaissez assez bien pour savoir que je suis loin d’être une coquette, et rien que d’y penser, il me vient un sourire aux lèvres.  Notre cousin a alors retourné ses attentions et ses violentes velléités de mariage, sans doute si exacerbées à cause du vœu formulé en ce sens par Lady Catherine, envers Charlotte Lucas. Elle a accepté. La chose m’est encore difficile à accepter, aussi je ne m’attarderais que peu sur ce sujet.
Entre temps, j’ai eu la délicieuse opportunité de rencontrer un certain George Wickham, dont j’ai bien failli, et je dis failli, tomber amoureuse. Il a les manières les plus charmantes qui soient, et porte l’uniforme à merveille. Nous avons fait sa connaissance grâce à un ami officier de Lydia et Kitty, qui ne tiennent plus en place depuis que la milice est à Meryton. (J’aime mes sœurs, mais elles sont d’une sottise ! La vue d’un gradé les fait devenir des créatures sans limites…)  Il m’a au début accordé beaucoup de son attention, et j’en fus particulièrement flattée, je le crains. J’ai eu le bonheur d’être sa confidente, et d’apprendre les vilénies que lui a fait subir Mr Darcy. Imaginez vous qu’ils ont grandi ensemble, et que Mr Wickham devait hériter d’une cure grâce à un souhait formulé sur le testament de feu Mr Darcy père. Mais le fils a nié les volontés du père et accordé la cure à un autre… Si vous aviez vu la froideur qu’il a manifesté vis-à-vis de celui avec qui il jouait enfant ! Et à quel point au contraire, Wickham s’est montré digne !
Néanmoins, que ne se forment pas en vous des illusions quand à mes sentiments envers ce charmant homme. Mon cœur reste sans maître et celui de Jane…
Ma pauvre chère Jane… Bingley est parti un jour de Netherfield, sans que l’on ait pu le prévoir, et sans espoir de retour. Sa sœur, la détestable Miss Caroline, écrivit à Jane pour lui faire part de son amitié, et pour surtout lui apprendre  leur installation quasi définitive à Londres. Et si depuis, ma sœur a passé l’hiver dans la capitale, elle n’a pas eut l’occasion de revoir celui qu’elle aimait. Hélas, je soupçonne les sœurs du naïf soupirant de ma sœur, et son mauvais ami, d’avoir détourné à jamais deux âmes d’un bonheur qui leur était promis. Et si Jane m’assure qu’elle n’a pas le cœur brisé, je sais bien au contraire que le temps pansera difficilement ses blessures. Elle a de plus perdu ses illusions sur l’amitié qu’elle croyait entretenir avec Miss Bingley, et c’est un sujet sur lequel j’ai eu le malheur d’avoir raison.
Et me voici maintenant à Hunsford, à contempler une union que je ne peux m’empêcher de trouver désastreuse. Même si Charlotte a l’air d’être heureuse du statut de femme mariée, je l’ai parfois vu rougir des malheureux propos de son mari. Et que dire de la fameuse Lady Catherine de Bourg ! Si elle était née homme, elle aurait sans doute fait un excellent général tant ses manières sont impérieuses.  Nous avons eu, ô comble d’honneur, l’occasion d’être invités à manger à Rosings Park, et quand il fallut se retirer  avec elle pour prendre le thé, je subis un interrogatoire en bonne et due forme. Eut-étais-je un prisonnier de guerre ou une espionne que je ne me serais pas sentie plus mal à l’aise… Elle m’a même demandé mon âge… Demande t-on l’âge à une personne dont les jeunes sœurs sortent déjà dans le monde ? Mais peut être ne suis-je pas au fait des manières des vrais aristocrates. Que voulez-vous, je n’ai pas eu le privilège de bénéficier de l’éducation prodiguée par une institutrice. Je crains de ne pas être une jeune femme accomplie ! Pardonnez moi de tout tourner en dérision mais c’est là mon arme préférée.
Maintenant que le père de Charlotte est parti, et que Mr. Collins retrouve ses activités habituelles, je retrouve vraiment mon amie, et je passe de forts agréables moments avec elle. J’aime également à jouir du parc de Rosings, qui est, et je ne le dirais pas à mon cousin par peur de subir l’un de ses longs monologues à ce sujet,  un lieu des plus charmants.  J’ai découvert par hasard un petit bois où j’aime à profiter d’un peu de solitude. Je marche, je profite d’un peu de répit pour lire, et je songe beaucoup. Le printemps éveille la nature environnante, et la contempler suffit à me rendre le sourire et à m’éviter de noires pensées.
Je crains toutefois que mon plaisir soit bientôt gâché par la prochaine apparition d’un certain gentilhomme qui doit venir à Pâques faire ses respects à sa tante. Vous aurez compris que je parle de Mr Darcy. La perspective de le revoir ne m’enchante guère et c’est un pléonasme que de le dire.
 Heureusement, comme il goûte aussi peu ma compagnie que je ne me plais en la sienne, je pense que nous n’aurons que peu l’occasion de nous voir, et Lady Catherine en gagnant la compagnie de son neveu, ne voudra plus s’embarrasser de la nôtre. Je crois que nous autres, logeant à Hunsford nous en porteront bien mieux, du moins pour les femmes de la maisonnée. Je gage que Monsieur Collins sera bien attristé de ne pas pouvoir glisser les quelques compliments qu’il aime à tourner fort à propos vis-à-vis de l’une ou de l’autre dame du château.
         Je pourrais encore continuer à vous écrire des pages et des pages, ma chère Elinor, mais je crains que vous n’ayez pas le courage de lire des lettres aussi épaisses que des romans, aussi m’arrêterais-je ici.
         Veuillez exprimer mes sentiments les plus amicaux à votre mari et embrasser Charles pour moi.

         Sincèrement vôtre et avec toute mon affection,

                                                           Elizabeth.

Post Scriptum : Mes craintes se révèlent fondées… Charlotte vient de me dire qu’elle aperçoit Mr Darcy qui vient nous présenter ses hommages. La prochaine lettre vous informera des choses désagréables qui se diront sans doute lors de cette entrevue.

7 commentaires:

  1. Je ne me souvenais pas que j'avais autant fait dans la logorrhée manuscrite ! Quelle bavarde cette Lizzy :D

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  2. whaou, quelle lettre !!!! Bravo !

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  3. Très bonne idée que de donner la parole à Elizabeth, j'ai hâte de savoir ce qu'elle va penser de ce qu'à dit Darcy :)

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  4. Moi aussi je suis curieuse de voir comment ce chez darcy va rentrer en grâce :)

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  5. Oh ! Darcy... (((soupirs)))
    Toutes mes félicitations à la scribe.

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  6. Liliba : Merci !
    Aymeline : Nul doute que ça va être bavard et plein de détails ;)
    Mathilda : Il a du travail le pauvre !
    Syl : Oh oui... Ce cher Darcy ! Merci, la scribe s'est beaucoup amusée !

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  7. Oui, c'est une longue lettre mais je ne m'en suis même pas rendue compte en la lisant tellement j'étais prise dans l'histoire!! Alors inutile de tenter de faire plus court à l'avenir ;)
    Il faut vraiment que je m'attèle à la réponse...

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