Ma chère cousine,
J'espère que vous pardonnerez mon long silence de ces derniers mois. Il y a bien longtemps que je songe à vous écrire, sans jamais pouvoir y parvenir. N'allez pas vous imaginer que c'est un manque d'intérêt à votre égard. Non, je fus simplement atteinte d'un grave refroidissement, sans doute contracté suite à une promenade trop matinale. On craignit même pour mes jours à la suite de cela. Mais rassurez-vous, je me porte désormais bien. Qu'en est-il de vous ? De votre sœur ? Et de votre père ? Transmettez-leur ma plus sincère affection.
Après un séjour chez ma tante, me voici à présent dans notre demeure londonienne. Je viens à peine d'arriver et en viendrais à regretter ma tante et mes cousines. Vous ne les connaissez pas, me semble t-il, puisqu'elles sont de la famille de Père, et ma tante est d'ailleurs pourvue de ce regrettable trait génétique des Montgomery. Je fais bien sûr allusion au nez dont je suis également pourvue. Comme j'aimerais qu'il fut droit et fin !
Mais brisons là toute vaine coquetterie. Abordons le séjour que je subis. Ma tante vit dans le Hertfordshire et n'a pas une société des plus variées à visiter, mais pourtant son passe-temps favori est de tenir à jour une liste des partis acceptables pour ses filles. Deux d'entre elles sont les créatures les plus vaines qu'il m'est été donné de rencontrer et parlent à longueur de journée de leurs prochaines sorties, des tenues qu'elles vêtiront à ces occasions et bien sûr, de potins mondains. La dernière de mes cousines, Charlotte, est elle, heureusement, une jeune fille calme de seize ans, avec qui j'ai pu discuter de sujets plus conformes à mes intérêts. Néanmoins, comme je l'évoquais plus haut, j'ai eu le malheur de souffrir d'un refroidissement, à temps pour manquer tous les divertissements auxquels je devais assister. Est-ce là la providence qui vint à mon secours ? Vous savez que je ne redoute rien de plus que mon entrée dans le monde, et la perspective de devoir tenir un carnet de bal est une horreur qui hante mes nuits les plus sombres.
Vous vous interrogez sans doute, ma chère, pourquoi regretter alors ma tante et ses filles ? J'y viens, mais laissez-moi vous parler, auparavant, de James. Je porte depuis toujours une tendresse toute particulière à l'aîné de mes frères, mais voilà qu'il est sur le point de se fiancer ! Il m'a longuement vanté les mérités de la bienheureuse élue, une certaine Emily, qui semble être à ses yeux la plus angélique des personnes qu'il ait jamais pu connaître. D'après Nathaniel, James est sur le point de faire la chose la plus stupide qu'il lui soit possible. Je dois faire la connaissance de l'angélique créature dès demain à l'heure du thé, et je ne manquerais pas une autre fois de vous faire part de mon opinion à son sujet.
Heureusement, mes autres frères semblent pour le moment préférer la compagnie de leurs pairs pour l'un, et la littérature et les études pour l'autre, ce que je ne peux qu'encourager. J'aimerais jouir un peu de leur compagnie avant d'assister à de mornes épousailles. En outre, je suis sûre que Nathaniel aura cœur à m'aider à échapper aux plans divers et variés que Père ne manquera pas de formenter pour me fiancer à quelque gentilhomme qu'il jugera digne de notre famille.
Voici donc le sujet qui me fait amèrement regretter d'être rentrée. À peine m'étais-je changée et ayant chassé ma camériste pour plus d'intimité, que celle-ci revenait me dire que j'étais attendue au bureau du maître de céans. Père m'a longuement entretenue et il semble déplorer mon manque d'enthousiasme à propos de ma future entrée dans le monde. Entrée officielle, bien sûr, car je côtoie tout de même une certaine société depuis peu. Je crains qu'il ait saisi l'étendue de mes réticences vis à vis d'une quelconque union matrimoniale, et que sa nouvelle occupation consiste à me faire changer d'opinion. Je souhaite tout le courage possible à l'homme qui serait assez insensé pour se prendre d'affection pour moi et qui voudrait me détourner de mon idéal de vie future. Je souhaite me retirer à la campagne dans un petit cottage, à l'abri de toute société.
Répondez-moi avec une longue lettre, si vous le désirez chère cousine, car je me languis de savoir comment vous vous portez et ce à quoi vous occupez désormais vos journées. Comment grandit votre sœur ? Avez-vous de nouveaux venus dans votre entourage ? Et le cas échéant, ces nouveaux venus sont-ils de bonne compagnie ?
Ne me faites point trop attendre, je vous en prie.
Votre cousine affectionnée.
Constance Montgomery.
j'aime beaucoup cette lettre et attends avec impatience la réponse de la cousine.
RépondreSupprimerC'est le début d'un roman. J'aime beaucoup le style. Toutes mes félicitations. C'est parfait !
RépondreSupprimerTrès jolie lettre et j'aime beaucoup le style :) Et des photos, c'est possible?? Oui, je suis une petite curieuse, je veux tout voir et tout savoir!
RépondreSupprimerBravo, cette lettre est superbe et j'attends moi aussi impatiemment de lire la réponse de la cousine !
RépondreSupprimerFrançoise : Constance aussi attends avec impatience la réponse ! :)
RépondreSupprimerSyl : Merci ! Je vais rougir, parce que c'est loin d'être parfait !
Alice : Ma correspondante a prévu de mettre des photos m'a t-elle dit ^^
Liliba : Merci ! On se demande bien ce que va pouvoir répondre Fanny à Constance... Espérons qu'elle ne sera pas fâchée du silence précédent de sa cousine :)
La réponse est en cours d'élaboration, mais je n'en dis pas plus...
RépondreSupprimerPour les photos, j'en ai pris quelques unes, je vais soit faire un petit montage, soit en poster deux ou trois telles quelles.
C'est bien parti... on attend la suite
RépondreSupprimerTrès belle lettre, tu as une belle plume, hâte de voir la réponse :)
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