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23 janv. 2012

Troisième Lettre d'Elinor à Lizzy

                                                                                                                    Octobre, Mansfield Park

                                Ma très chère Lizzy,

Une fois encore je me suis laissée embarquer par le cours du temps et j'ai honteusement négligé ma correspondance. Mais il s'est passé tant de choses ! Moi qui vivais encore il y a quelques mois la vie douce et calme de femme d'un pasteur de campagne. Nous avions raison de penser que la venue de ma belle-mère n'augurait rien de bon, ce fut le début de tous ces chamboulements que je me réjouis de pouvoir enfin vous raconter, profitant de mon tout premier moment de calme.

Mais je m'emporte et j'oublie de vous dire à quel point j'aurais aimé être auprès de vous au cours des épreuves difficiles que vous venez de passer. J'espère que vous vous portez bien et que tout est rentré dans l'ordre mais pour vous dire la vérité, j'ai entendu tant de choses différentes et de rumeurs étonnantes à votre sujet et à celui de vos sœurs, que je ne sais plus que croire !
J'espère que vous me pardonnerez d'avoir prêté l'oreille à touts ces "on-dit" mais j'étais extrêmement inquiète à votre sujet et Lucy ne se lasse pas de me raconter tout ce qu'elle entend depuis qu'elle sait que nous sommes amies ! Je ne peux donc pour le moment que m'en vouloir de ne pas vous avoir répondu plus tôt et attendre votre réponse avec impatience pour être fixée. je suis malgré tout optimiste, ne vous ayant pas vu descendre d'une chaise de poste pour vous réfugier dans mon humble demeure.
D'ailleurs je n'y suis de nouveau plus moi-même mais je ne m'en plains pas puisque je profite du calme et de la beauté de Mansfield Park. Mais reprenons là où nous nous étions laissées ! Je logeais donc chez ma chère amie Mrs Jennings avec Margaret. Cette dernière profitait des bals et s'amusait beaucoup même si elle ne distingua aucun jeune homme de l'assemblée. Elle se fit néanmoins une amie très chère, Charlotte, une jeune fille de bonne famille dont les parents sont aux Indes. Mrs Jennings qui aimait à accompagner de temps à autre ma soeur et son amie dans leurs sorties mondaines l'a même prise sous son aile, déplorait qu'elle fût abandonnée à son sort par ses parents avec pour seule compagnie une vieille tante qui passait plus de temps à dormir qu'à la surveiller. Charlotte est une jeune fille très douce et d'une grande gentillesse et ce fut un plaisir que de l'accueillir parmi nous aussi souvent que possible et de remplacer au mieux sa famille. Au bout de quelques temps, Mrs Jennings m'informa que si son intuition ne la trompait pas, elle serait bien étonnée si Miss Charlotte ne recevait pas une demande en mariage fort avantageuse d'ici peu de temps.

Cependant, devenue un peu plus prudente depuis les mésaventures de Marianne, elle n'en dit pas plus. Il ne fallut pourtant pas beaucoup plus de temps pour que chacune d'entre nous, ainsi que le tout Londres, se rende compte de la façon dont Lord Rainborow distinguait particulièrement Charlotte parmi les autres jeunes filles. Je vous laisse donc aisément deviner l'état de frivolité et d'excitation générale qui régnait alors dans la maison et qui présageait bien peu de ce qui allait suivre !
Lors d'une soirée donnée par Mr et Mrs Robert Ferrars, tout a baculé et la soirée ne fut qu'une succession de catastrophes. Vous vous rappelez certainement de Nancy, la soeur de Lucy et de sa discrétion légendaire. Alors qu'un groupe de jeunes filles se trouvaient assemblées dans un coin de la salle de bal, Nancy ne put s'empêcher de féliciter haut et fort Miss Charlotte pour la "bonne prise" de celle ci et lui demander pour quand était le mariage. La si discrète Charlotte était déjà rouge de honte mais ce n'était rien en comparaison de ce qu'elle ressenti lorsqu'elle aperçut que Lord Rainborow se trouvait juste derrière Nancy. Ce dernier ne jugeant manifestement pas l'humiliation suffisante, ajouta devant toute l'assemblée qui était maintenant toute ouïe, qu'il n'avait jamais été question pour lui d'unir l'illustre nom de ses ancêtres à celui d'une jeune femme dont les parents étaient je ne sais qui, et qui pêché suprême, avaient fait fortune aux Indes !
La pauvre Charlotte s'enfuit sur le champ suivie de près par Mrs Jennings, qui la ramena fort heureusement chez elle.

Margaret quant à elle restait figée au milieu de la scène et semblait aussi touchée que si ce fut elle la malheureuse héroïne de cette tragédie. Je sentis instantanément que quelque chose d'affreux se passait en elle et fit de mon mieux pour la rejoindre au plus vite mais je fus interceptée par mon beau frère qui m’informât que ma belle mère demandait à s'entretenir avec moi de toute urgence. Le temps que je le repousse, de façon fort peu courtoise, je dois bien l'avouer, Margaret n'était plus en vue ! Je me résignais donc à le suivre, toutes mes pensées tournées vers ce qui venait de se produire et ne me doutant pas des épreuves qui m'attendaient encore !

Je me retrouvais donc devant Mrs Ferrars, son fils et Lucy, qui affichait un air bien satisfait pour quelqu'un qui était en disgrâce depuis quelques temps. Mrs Ferrars me dit alors qu'après avoir réfléchi aux différentes composantes de la situation, c'est à dire que Robert devait hériter mais n'avait toujours pas d'enfant, elle avait pris sa décision. Si vous étiez tentée de penser qu'elle revenait sur sa décision de déshériter Edward, ou qu'elle voulait doter généreusement son petit fils, je vous prie de croire que les mines réjouies de son fils et de sa belle fille ne me l'ont pas laissé entrevoir une seule seconde. Non, tenez vous bien, sa décision était que pour le bien de tout le monde, il serait bien que Charles reste vivre à Londres, et que Robert et Lucy l'adoptent!

Je pensais encore à ma pauvre Margaret et je n'avais aucunement le temps de m'attarder sur de telles absurdités. Je tournais les talons sans un mot et rentrais chez moi après que l'on m'ait informé que c'est là que je trouverais Margaret.
Je vous passe les détails de ce qui suivit. Le lendemain matin nos valises étaient faites et nous étions en route pour la maison, emmenant Charlotte avec nous. Arriver au cottage fut un immense soulagement mais Charlotte fut prise de fièvre et de délire et Margaret s'enfermait chaque jour dans le mutisme, un peu plus profondément. Nous veillâmes Charlotte jour et nuit, mais rien de ce que nous avons pu lui dire, ni même le retour de ses parents ne la dissuada d'aller s'enfermer dans un couvent dès que sa guérison fut complète.

Je craignis beaucoup pour la santé mentale de Margaret qui fut profondément affectée par toutes ses épreuves, et Edward et moi même décidâmes qu'il était grand temps de profiter de l'hospitalité de Mansfield Park et de ses habitants. Nous sommes donc ici depuis deux semaines maintenant. Nous logeons dans la maison principale, que Sir Bertram, le frère aîné d'Edmund Bertram, trouvait trop triste d'habiter seul. Je n'ai pas été sûre que cette compagnie bénéficie à Margaret. Tom Bertram nous a raconté un soir sa jeunesse et les erreurs qu'il a commise et moi même un peu choquée, j'ai eu peur que Margaret ait définitivement perdue sa bonne opinion de la gente masculine mais elle parût d'abord soulagée de constater qu'il ne se prétendait pas parfait puis touchée par la sincérité de son repentir. Je suis maintenant bien aise de notre décision et nous sommes si heureux à Mansfield Park que nous pourrions presque y rester pour toujours !

Edward et Edmund n'en finissent pas de comparer leurs vues théologiques et j'ai moi même découvert une aimable compagne en la femme d'Edmund, Fanny. Nous faisons de longues balades dans la nature, le petit Charles court partout et semble au comble du bonheur quand Tom et Margaret ont des discussions très animées sur leurs blessures personnelles qui semblent trouver écho dans celles de l'autre. Elle va chaque jour un peu mieux et je suis si contente qu'elle ait trouvé quelqu'un à parler même si j'ai toujours peur qu'elle finisse par importuner ce pauvre Tom à le prendre pour un grand frère de substitution.

Je dois à présent vous laisser, bien à contre coeur, croyez le mais tout le monde n'attend pour un pique nique. Je vous promets de vous parler encore de Mansfiled et de ses habitants dans ma prochaine lettre et j'attends de vos nouvelles avec impatience.

                                              Bien à vous.

                                                                                   Elinor.

Post Scriptum : Je viens de recevoir grâce aux bons soins de Marianne, le magnifique paquet que vous m'avez envoyé pour mon anniversaire et vous en remercie chaleureusement.

1 commentaire:

  1. Le goujat, le petit pédant !
    En espérant que Margaret retrouve son assurance...

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