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21 avr. 2011

Réponse de Frances Sainsburry à la lettre de Constance Montgomery

                                                                                                    
                                                                                                                                            Samedi 16 avril,


                                                                                                                                                         
                                       Ma chère Constance,


           Votre lettre m'a tout d'abord emplie de la joie d'avoir de vos nouvelles, avant de me faire trembler à l'idée du mal qui vous a atteinte.Comme j'eus souhaité être auprès de vous ! Fort heureusement, vous voilà guérie, et rien ne pourrait me soulager davantage.
           Sachez avant toute chose que votre requête sera obéie, et que je ferai en sorte que ma lettre soit aussi longue que possible. Je ne puis m'empêcher tout d'abord, de vous exprimer la surprise ressentie à l'annonce des prochaines fiançailles de mon cousin. Lui se marier, et surtout, si rapidement! Je vous avoue avoir quelques difficultés à l'imaginer. J'espère de tout cœur que cette demoiselle s’avérera digne de lui, et je compte sur vous pour m'en brosser le plus fidèle portrait dès que vous aurez fait sa connaissance. 

         Vous vous enquérissiez de ma famille, et j'ai le plaisir de vous assurer que nous sommes tous en excellente santé. Père est malheureusement en séjour à Londres pour ses affaires. Il espérait en partant avoir le loisir de venir vous visiter. 
         Cependant, si le temps venait à lui manquer, veuillez l'en excuser, chère cousine. Durant son absence, ma tante Brown, sœur de feu ma mère, gère le domaine tout en gardant un œil sur nous. Ma jeune sœur a atteint il y a peu l'âge de treize ans, et bien qu'elle ait encore grandi, il m'est difficile d'imaginer la jeune fille qu'elle promet de devenir. A mes yeux, elle ne devrait toujours être qu'une enfant. A présent que les beaux jours sont arrivés, nous passons la majeure partie de notre temps en promenades à travers la campagne, ou en excursions en compagnie de nos voisins. Je souhaiterais que vous fussiez là, le Devonshire est si plaisant lorsqu'il est sublimé par le soleil ! Depuis quelques jours, des hordes de papillons colorés ont envahi les massifs autour de la maison. Nora a insisté jusqu'à ce que j'accepte d'en capturer un pour elle, et le place dans un bocal.
        Malheureusement, il n'a pas survécu plus de quelques heures, et la pauvre enfant en a versé des larmes amères durant deux jours entiers.
        Peut être vous demanderez vous si j'ai reçu des nouvelles de ma sœur ainée Margaret depuis son mariage avec Mr Robertson. Une missive nous est en effet parvenue, il y a de cela une semaine. J'avais espéré que cette lettre rapporterait ses impressions et sentiments, qu'elle nous décrirait du ton le plus fidèle sa nouvelle vie de jeune épouse. Mais je n'y ai lu qu'une liste des équipages qu'elle et son mari possèdent désormais, ainsi que celle des réceptions et des bals à venir. Figurez-vous la déception qui fut la mienne, devant une correspondance aussi vaine que l'homme qu'elle a choisi comme époux. Je l'avoue, je n'ai eu que peu d'occasions de le rencontrer, mais il m'a chaque fois paru si fat et suffisant que j'en ai immédiatement eu la plus déplorable opinion. Ma tante Brown, à qui j'ai fait part de mon avis, m'a jugée bien sévère. Elle, au contraire, ne cesse de couvrir ce jeune homme d'éloges, sans doute parce qu'il a du bien, et est issu d'une famille des plus respectables.
       J'ai donc fait la promesse de réserver mon jugement en vue de notre prochaine rencontre. Les jeunes mariés doivent en effet venir nous rendre visite dans une semaine, et je tâcherai de vous en rapporter le moindre détail.

      Que je partage votre inquiétude quant à l'engagement marital que l'on semble nous inciter à prendre ! Voyez-vous, ma chère cousine, je me trouve à présent dans une situation des plus inconfortables. 
      Vous m'interrogez dans votre lettre sur l'existence de nouvelles relations. Je sais, bien sûr, notre société bien moins variée que celle dont vous devez jouir à Londres. Néanmoins, une maison non loin de la notre a été louée il y a de celà un mois, par une veuve, Lady Sheldon. Une rumeur selon laquelle elle s'y installait avec son fils, Lord Henry, nous est rapidement parvenue.
       Il était décrit comme un jeune homme de vingt-quatre ans, ayant hérité d'une fortune conséquente, aux manières aussi délicates et raffinées que sa physionomie. Je ne me fiai guère à de tels discours, songeant qu'un titre de noblesse, ainsi que de nombreux biens, embellissent davantage une figure que bien d'autres qualités. Le lendemain de leur arrivée, Père leur a rendu visite, comme il convient.
      Quelques jours plus tard, nous reçûmes une invitation à une réception qu'ils donnaient. Je dois vous avouer que j'étais bien curieuse de faire la connaissance de ce jeune Lord dont on m’entretenait avec tant d'éloges. Je n'ai cessé de m'en imaginer divers portraits. 
      Il m'a tout d'abord paru être un hôte attentionné, d'une politesse parfaite. Cependant, il semblait si gouverné par le poids des convenances que son attitude manquait de ce naturel qui fait le charme d'une nouvelle connaissance. J'eus deux ou trois fois l'occasion de converser avec lui, et ne put en tirer que banalités et lieux communs. Nous eûmes à diverses reprises l'occasion de nous revoir, et chaque entretien me confirma ces impressions. Ses opinions étaient dépourvues à mes yeux de la moindre fantaisie, et parfois si rigides que je ne sus si je devais en être épouvantée ou amusée.

      Vous vous dites sans doute que je m'égare. J'en viens, chère cousine, au point qui me tourmente.
Voilà deux semaines à présent que je n'ai pu m'empêcher de remarquer la singularité du comportement que Lord Henry adoptait à mon égard. Il m'apparut qu'il ne semblait pas uniquement prendre du plaisir à ma compagnie, mais la rechercher. Quelques jours me suffirent pour m'assurer de la préférence qu'il semblait m'accorder, malgré la bienséance avec laquelle il agissait, cette inclination devint évidente pour tout oeil averti. Ma tante Brown elle même le remarqua, et n'a depuis de cesse de me pousser à l'encourager.
      Cependant, je ne puis décemment lui obéir. Vous savez que je n'ai jamais connu ce sentiment que l'on appelle amour, et que je doute parfois de son existence même. Mais, en ce qui concerne Lord Henry, je n'ai pas le moindre doute. Si je peux accepter sa société, sa compagnie m'est parfois à peine supportable. Comment pourrais-je épouser un homme pour qui je n'éprouve nulle affection?
      Certes, me direz vous, il ne s'est pas déclaré. Pourtant, depuis le jour où j'ai compris ses vues, je redoute qu'une telle chose se produise et trouve mille excuses pour éviter sa compagnie. Je sais cependant que je ne pourrai affecter l'ignorance bien longtemps.  
      Je me trouve dans un grand embarras, et vous supplie, ma chère cousine, de m'éclairer de vos conseils. Vous êtes la seule à qui je peux me confier au sujet de cette affaire.
  

      Soyez assurée de toute mon affection, envers vous ainsi que vos parents et frères.

                                                  Votre dévouée cousine et amie,


                                                                                                        Fanny Sainsburry.

4 commentaires:

  1. Ouah!! J'adore! Cette correspondance me plaît décidément beaucoûp!!

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  2. Moi aussi, moi aussi !
    J'ai déjà mille choses en tête pour répondre !

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  3. Et moi donc! Je suis déjà en train d'imaginer ce qui va pouvoir arriver à mon personnage^^

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  4. vivement la suite, ta lettre est pleine de suspens j'adore

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